Un plan à courte vue cousu de fil blanc

Le Premier ministre français Jean Castex s’est aventuré sur un terrain peu familier en qualifiant le plan de relance dont il assume la paternité de « keynésianisme de l’offre », un concept qui lui appartient et qu’on lui laissera. Tout est bon pour brouiller les pistes ! Plus prudent, Emmanuel Macron a préféré présenter sa vision de la République en retournant au Panthéon pour s’en tenir au maniement des idées, un terrain où il prétend briller à son avantage.

Le capitalisme n’est pas la solution rêvée

Le ver était dans le fruit, car comment expliquer sinon l’enchaînement impressionnant des faits et leur ampleur ? De sanitaire, la crise est devenue économique et nous sommes entrés dans sa dimension socio-politique dont nous n’allons pas sortir de sitôt. Dans tous les domaines, elle agit comme révélateur de lourds dysfonctionnements sous-jacents qui appellent la réévaluation d’un système présenté comme abouti. On voit en effet à quoi il mène !

Le nez sur le guidon, les autorités ne relèvent pas la tête

Encore une question à 1.000 milliards, cette fois-ci de dollars ! Au dernier pointage, 109 pays émergents ont dans l’urgence demandé de l’aide au FMI, asphyxiés financièrement. Et, d’ici la fin de l’année prochaine, 3.400 milliards de dettes arriveront à maturité et devront être soit remboursées soit « roulées » (renouvelées). La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) réclame l’élaboration d’un « cadre complet pour faire face à la dette souveraine insoutenable ». Problème, il fait défaut.

Les crises se suivent et ne se ressemblent pas

Le mot rebond fait fureur ce matin, mais il serait plus sage de s’en tenir à la minorisation des pertes pour rendre compte de la situation des Bourses et du marché pétrolier. Après un « lundi noir », les investisseurs reprennent leur souffle ce mardi, impressionnés par la visite symbolique du président chinois à Wuhan et les déclarations de matamore de Donald Trump. À l’image de la fébrilité des marchés, leur opinion est versatile.

Les grands esprits se rencontrent ou pas

En visite chez les cousins allemands, le chef de l’État français s’efforce en pure perte de « donner une nouvelle dynamique à l’aventure européenne » qui en est dépourvue. Ses précédentes tentatives ayant échoué, ses incursions sur d’autres terrains n’ayant rien donné, il n’est plus question de budget européen, pas plus de stratégie commune de lutte contre le réchauffement climatique, mais de bâtir une défense européenne, le plus petit dénominateur commun. 

Ils sont tellement irresponsables

Ils ne pourront pas prétendre ne pas avoir été prévenus des deux grandes menaces clairement identifiées qui pèsent sur l’avenir de nos sociétés, le réchauffement climatique et l’accroissement des inégalités ! Mais la réponse qu’ils prétendent y apporter est-elle à la hauteur quand le « greenwashing » est de rigueur et le label ESG de la gestion socialement responsable est distribué à tire-larigot ?